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Vous le savez, je pars en croisade contre les déclenchements !!

Avant de voir ensemble quelles sont les questions à poser afin de faire respecter vos choix de naissance, faisons un petit récap’

Depuis les années 1980, les taux de déclenchement de l’accouchement en France ont considérablement augmenté. Dans les années 1980, ces taux étaient relativement bas à 10,4%, mais ils ont progressivement augmenté au fil des décennies. Selon une enquête nationale périnatale, le taux de déclenchement est passé à 22% en 2016 et a encore augmenté à 25,8% en 2021. Cette augmentation est influencée par diverses études et recommandations médicales, ainsi que par l’évolution des pratiques obstétricales visant à réduire les risques de complications pendant l’accouchement, en théorie.

Toutefois, cette tendance a suscité des débats sur l’impact du déclenchement sur l’expérience des mères, notamment en termes de satisfaction et de stress post-traumatique. Pourquoi ? Le déclenchement n’est pas anodin, la prise médicamenteuse accroit considérablement l’intensité des contractions, et elle rend le travail très difficile et long pour les mamans. Bien souvent, les mamans qui avaient un projet physiologique y renonce parce qu’elles sont épuisées. Sans suit, une culpabilité sur leur capacité à donner naissance à leur bébé sans médicaments. Si une maman n’est pas accompagnée correctement elle gardera cette culpabilité toute sa vie, alors que si elle est informée elle saura que ce n’est pas de sa faute.

Les médecins se basent sur plusieurs critères pour décider du déclenchement de l’accouchement.

Voici les principaux critères utilisés et les questions à poser qui en découlent :

  1. Datation de la Grossesse :
    • Critère : Confirmation précise de l’âge gestationnel, généralement basée sur la date des dernières règles et les résultats des échographies précoces. Le déclenchement est envisagé en cas de grossesse prolongée (dépassement de 42 semaines). Ce qui est rarement le cas, puisque le déclenchement est la plupart du temps imposé à 41 SA.
    • Questions à poser : Pourriez-vous me dire quelle est la datation exacte de mon terme sachant que l’on m’a donné trois datations différentes au cours de ma grossesse ?
    • Pourriez-vous me dire quelle est la datation exacte de mon terme sachant que mes cycles ne sont pas de 28 jours ou sont irréguliers ?
  1. Score de Bishop :
    • Critère : Évaluation du col de l’utérus pour déterminer sa maturité et la probabilité de succès du déclenchement. Comprend cinq critères : dilatation du col, effacement du col, consistance du col, position du col, et hauteur de la présentation fœtale. Un score inférieur à 6 suggère une immaturité cervicale et une moindre probabilité de succès du déclenchement sans préparation cervicale.
    • Questions à poser : Serait-il possible de connaître le score Bishop ?
    • Si le col est non mature, quelles méthodes de maturation du col avez-vous prévues ? Pour quelle raison ?
    • Quels sont les risques de cette méthode ?
    •  Pourrions-nous avoir un temps de réflexion avant de prendre une décision ?
  2. Conditions Médicales Maternelles :
    • Critère : Hypertension artérielle, prééclampsie, diabète gestationnel, maladies cardiaques ou rénales. Évaluation des risques pour la mère et le bébé en fonction de ces conditions.
    • Questions à poser : Est-ce que mon état nécessite un déclenchement ?
  3. État Fœtal :
    • Critère : Évaluation de la croissance et du bien-être fœtal via des échographies, des tests de réactivité fœtale, et des profils biophysiques. Conditions comme le retard de croissance intra-utérin (RCIU) ou des anomalies du rythme cardiaque fœtal peuvent justifier un déclenchement.
    • Questions à poser : Est-ce que mon bébé va bien ? Quelle est sa fréquence cardiaque ? Son tonus musculaire ? L’afflux sanguin dans le cordon est-il bon ?
  4. Quantité de Liquide Amniotique :
    • Critère : Évaluation par échographie pour détecter l’oligohydramnios (faible quantité de liquide) ou l’hydramnios (excès de liquide). L’oligohydramnios peut indiquer une insuffisance placentaire et un risque accru pour le bébé.
    • Questions à poser : La quantité de liquide amniotique est-elle satisfaisante ?
  5. Rupture Prématurée des Membranes (RPM) :
    • Critère : Si les membranes se rompent avant le début du travail, l’absence de travail spontané après 24 heures peut justifier un déclenchement pour prévenir les infections.
    • Questions à poser : Quel délai maximum m’accordez-vous en cas de rupture prématurée des membranes ?
  6. Position et Présentation Fœtale :
    • Critère : Confirmation que le bébé est en position céphalique (tête en bas). Une présentation par le siège ou transverse peut nécessiter une césarienne plutôt qu’un déclenchement.
    • Questions à poser : Comment est positionné mon bébé dans l’utérus ?
  7. Préférences et Antécédents de la Patiente :
    • Critère : Historique d’accouchements antérieurs, complications passées, et préférences de la patiente après une discussion éclairée. Parfois, des raisons psychosociales ou logistiques peuvent également jouer un rôle.
    • Questions à poser : Est-ce que mes préférences et antécédents ont été pris en compte dans cette décision ?

En résumé, les médecins devraient utiliser la combinaison de ces critères pour évaluer la situation et déterminer la nécessité et la probabilité de succès d’un déclenchement de l’accouchement.

Le processus implique une évaluation minutieuse pour garantir que le déclenchement est dans le meilleur intérêt de la mère et du bébé. On peut observer un accroissement fulgurant des déclenchements depuis quelques années. On peut se demander si tous ces déclenchements sont bien nécessaires, si tous ces critères sont vraiment étudiez et pris en compte.  et si quelques fois ceux-ci ne sont pas fait pour un souci d’organisation interne du service plutôt que sur la santé de la mère et de son enfant

Au fil de mon expérience, j’ai souvent observé que le simple dépassement du terme de grossesse suffisait à déclencher des interventions médicales, sans toujours prendre en compte tous les critères nécessaires. C’est pourquoi il est crucial d’être bien informée et de savoir poser les bonnes questions.

Il peut être difficile de remettre en question l’avis de l’équipe médicale, surtout lorsqu’elle affirme que cela peut être dangereux pour votre bébé. Cependant, sachez que vous disposez d’une fenêtre de cinq semaines, entre 37 et 42 semaines d’aménorrhée (SA), durant laquelle, si tous les critères médicaux sont satisfaits, vous pouvez suivre votre instinct.

En étant bien informée sur les protocoles et en ayant un accompagnement adéquat, vous serez en mesure de prendre les meilleures décisions pour votre bébé. Vous aurez ainsi la confiance nécessaire pour discuter avec l’équipe médicale et évaluer les recommandations en connaissance de cause.

J’espère que ces informations vous aideront à poser les bonnes questions et à prendre des décisions éclairées sur vos choix de naissance.

Mais vous…qu’est-ce que vous en pensez ? Que vous dit votre instinct ?